Dans cet article, j’ai envie de te parler d’un gros sujet : la dépendance affective. J’ai hésité à le traiter, car c’est une thématique sérieuse, avec des problématiques parfois profondes, qui nécessitent de mettre en place de vraies thérapies pour en sortir. Mais je trouve qu’aujourd’hui, c’est un sujet étalé sur la place publique, avec un manque de discernement et beaucoup de généralisations… En tant que thérapeute de couple, pour toutes celles qui en souffrent réellement, en couple ou non, j’ai envie de donner une définition et des étapes pour sortir de la dépendance affective. Comment vaincre un manque de confiance en soi en amour ? Comment réapprendre à prendre soin de son couple et de soi-même ? Comment savoir si on est réellement concernée ? Je te donne mon avis.
Attention à ne pas la voir partout
Avant de commencer, j’ouvre une parenthèse pour avertir que cet article, c’est ma réflexion personnelle, à moi Lucie, thérapeute de couple. Je n’affirme pas que je détiens la vérité absolue. Il s’agit de mon approche et je t’invite, bien évidemment, à ne pas te contenter que de cet épisode de podcast, à écouter d’autres personnes qui traitent des étapes pour sortir de la dépendance affective et à te créer ta propre opinion, ton propre ressenti.
Je te conseille aussi de garder en tête l’idée que, selon moi, si on écoute le discours ambiant sur ce sujet, nous sommes tous un peu là-dedans. Or, pour moi, quand on est amoureux de quelqu’un, ou quand on est attiré par quelqu’un, il est évident qu’il y a une forme de dépendance. Ce n’est pas un problème ! C’est normal. C’est humain. Ça ne veut pas dire qu’on est dépendant affectif. Tu vois ce que je veux dire ? Cette nuance est importante, à mon sens.
Quand tu es amoureuse de quelqu’un, bien évidemment que son avis compte, bien évidemment que tu attaches de la valeur au fait de plaire à l’autre, à ses ressentis, à ses remarques. Tu es influencée par l’autre et c’est normal, c’est OK. De la même manière, quand tu es dans une dynamique de séduction, que ce soit pour un nouveau partenaire quand tu es célibataire, ou pour ton conjoint quand tu es en couple, pour entretenir la flamme : bien évidemment que des modifications auront lieu en toi. Bien évidemment que tu vas t’adapter, changer, mettre en avant certains traits de ta personnalité ou de ton apparence physique, pour mieux plaire. Parfois, cette forme de dépendance à l’autre entraîne des pensées qui ressemblent à : « l’autre a de la valeur, l’autre a de l’intérêt, je me modifie pour lui plaire, je prends en compte l’avis de l’autre ». Tu peux très vite te sentir dépendante et te dire : « Ô mon Dieu, au secours ! Je suis dépendante affective ». Non : ça fait simplement partie du jeu des relations sentimentales. Elles impliquent une forme de dépendance à l’autre et, d’un point de vue un peu plus global, je crois aussi beaucoup à la dépendance entre individus. Nous sommes des milliards sur cette planète, je ne pense pas que ce soit pour vivre seul dans une grotte. Si nous sommes tous ensemble et si nombreux, c’est bien parce que nous sommes faits pour vivre ensemble. Toute cette croyance populaire autour de « quand tu y arrives seul, c’est mieux », ça me semble être parfois un non-sens. Je t’invite vraiment à réfléchir là-dessus. Si tu as ces croyances qui expliquent que : « quand c’est fait tout seul, ça a plus de valeur, quand c’est fait tout seul, c’est mieux, quand je suis autonome, c’est mieux », etc., alors j’ai envie de te demander : pourquoi ? Comment ? Quelle est cette évidence, quelle est cette croyance collective qui dit que si j’ai demandé de l’aide, c’est que je suis quelqu’un de faible ? Bref, excuse-moi pour cette parenthèse. J’espère que tu vois ce que je veux dire : bien évidemment que, dans nos vies, il y a un peu de dépendance… et c’est OK !
Définition de cette forme de manque de confiance en soi
Le besoin de l’autre pour se rassurer sur notre valeur
Revenons sur notre sujet : sortir de la dépendance affective. Tout d’abord : qu’est-ce que c’est ? Il ne s’agit pas juste de constater des comportements tels que : « l’avis de mon partenaire m’intéresse » ou « je me fais belle pour lui ». Ça va bien au-delà de ça et j’ai vraiment envie d’apporter un soin particulier à cette nuance. Souffrir de dépendance affective, c’est être dans l’incapacité de s’apporter certaines choses soi-même, relatives à la confiance en soi, à l’estime et à l’amour de soi, au point d’être dans une dépendance à l’autre, dans une obligation d’aller chercher chez l’autre de quoi se rassurer, parce qu’il est impossible de se rassurer soi-même. Un dépendant affectif n’arrive pas à s’accorder à lui-même de l’estime, à s’accorder lui-même de la valeur. Il vit avec l’idée que tout passe par l’autre, que l’autre est plus important, que l’avis de l’autre a plus de valeur que le sien. Là, on est vraiment dans l’ordre de la dépendance affective dans un sens pathologique, négatif, qui a vraiment un impact. J’espère que vous voyez la nuance.
L’image des 2 réservoirs
Pour présenter la dépendance affective d’une façon ludique (que j’utilise dans mon nouveau programme !) : imagine que nous avons en nous 2 grands réservoirs pour l’estime de soi, l’amour de soi, etc. De ces 2 grands réservoirs, l’un est rempli par l’extérieur, car oui : nous avons besoin que l’extérieur nous valorise, nous confirme que nous sommes dans le bon chemin, que nous allons dans le bon sens. Nous avons besoin de nous sentir aimés, valorisés par l’extérieur. Plein de choses proviennent de l’extérieur ! Mais, il y a aussi un réservoir que tu remplies toi-même. C’est ton boulot, c’est ton job.
Souffrir de dépendance affective, c’est avoir la croyance que les autres viendront remplir ce 2nd réservoir que tu n’arrives pas à remplir seule. C’est essayer de remplir un puits sans fond, car ça ne fonctionnera pas. Ça entraîne des doutes et exigences à l’encontre du partenaire, pour te rassurer encore et encore et encore. Ce n’est jamais assez, ce n’est jamais suffisant. Ce n’est jamais intégré. Les moments où tu reçois des paroles rassurantes de l’autre vont glisser. Ils ne vont pas s’ancrer en toi. Quand bien même il te dirait tous les jours qu’il t’aime, tu restes quand même en doute perpétuel et tu y resteras jusqu’à ce que tu aies réussi à sortir de la dépendance affective. Sans cesse, tu vas chercher le moindre signe qui pourrait venir te dire que « ah non ». Quand bien même il te répéterait tous les jours qu’il t’aime, il y aura toujours ce nouveau petit signe-là te fera penser que non. C’est ça, la dépendance affective.
La recherche extérieure de ce qui nous incombe à nous-même
Une personne dépendante affective attachera de l’importance à des micro-signes et, au contraire, n’attachera pas d’importance à ce que l’autre va renvoyer. Elle met tout sur le dos de l’autre, et en même temps n’est jamais satisfaite de ce qu’apporte l’autre. Il s’agit vraiment de ça : chercher à l’extérieur, chercher chez les autres, en permanence, de quoi se rassurer… sans que ce ne soit jamais suffisant, sans que ce ne soit jamais assez. C’est normal, ce sentiment de « pas assez », parce que ça ne peut pas fonctionner. Ce réservoir-là t’incombe à toi. Ce réservoir-là, quand bien même les autres te donneraient des trésors et des montagnes : ça ne le remplira pas. Si ça ne vient pas de toi, ça ne fonctionnera pas.
Les conséquences au sein d’un couple : pression et manque d’authenticité
Forcément, ça a des impacts dans une relation de couple. Forcément, ça crée des attentes surdimensionnées. Ça crée une pression sur les épaules du partenaire. Ça crée de la dévalorisation des 2 côtés :
- une dévalorisation de toi-même, car tu as le sentiment de ne pas être suffisante ;
- une dévalorisation pour l’autre, qui s’évertue sans cesse à répéter, à donner des preuves, qui pourtant ne sont jamais suffisantes.
Au final, ça engendre une relation compliquée, avec des doutes, des suspicions, de la jalousie. Ça provoque des besoins d’observer sans cesse, de chercher sans cesse des signes, de déceler sans cesse des preuves, etc. Ça crée des déséquilibres dans la relation, ça crée des conflits, ça crée des tensions, ça crée une forme de distance, en fait.
Ça crée quelque chose de l’ordre d’un manque d’authenticité, parce que, à un moment :
- La personne qui souffre de dépendance affective voit que ça un impact sur son couple et donc elle se tait. Elle arrête de parler de ses doutes et de ce qui est compliqué. Elle constate que ça entraîne du négatif et elle n’a pas envie de perdre de l’autre. Il y a donc un manque d’authenticité, car elle n’est pas complètement elle-même : à l’intérieur elle est pleine de doutes, mais elle ne le montre pas.
- Ça peut également créer un manque d’authenticité en face, car l’autre partenaire ne sait plus quoi penser, ne sait plus comment faire pour montrer qu’il tient à l’autre, qu’il est là, qu’il est présent. Du coup, lui aussi va se forger une carapace, une forme de protection. Il y a alors, là aussi, un manque d’authenticité car il n’est plus complètement lui-même.
Étapes pour vaincre la dépendance affective
Ne pas rester seule avec un auto-diagnostique
Maintenant que j’ai précisé ce dont nous parlons ici, j’avais aussi envie de t’apporter mes conseils pour sortir de la dépendance affective. Comment passer à autre chose ? Comment vaincre cette forme de détresse ?
En premier lieu : à mon sens, on ne peut pas s’auto-proclamer dépendant affectif. Je pense que c’est une situation pour laquelle, souvent, on manque de neutralité. Tu peux, sans t’en rendre compte, grossir le trait ou au contraire, minimiser tes réactions. C’est pour cela que je trouve intéressant de faire appel à un professionnel, à un tiers, pour poser un diagnostic.
L’autre point que j’avais envie d’aborder, avant de te présenter les étapes pour sortir de la dépendance affective, c’est que, souvent, les gens s’enferment eux-mêmes là-dedans. Là, je t’ai donné 2 ou 3 éléments, si bien que peut-être que tu vas avoir le sentiment de te reconnaître. Tu pourrais te dire : « Ah ba voilà, c’est ça, je suis dépendante affective ». Tu pourrais toi-même te mettre une case et je trouve cela limitant, car de t’y enfermer toi-même aura forcément un impact… alors que tu n’es peut-être pas concernée. Je préfère te conseiller de faire appel à un professionnel, si tu as un doute. Fais appel à un tiers, ne reste pas avec des auto-diagnostiques. Ça ne sert pas à grand-chose à part à se prendre la tête !
Prendre conscience que le problème vient de soi
Rentrons dans le vif du sujet : comment sortir de la dépendance affective ? La première étape, à mon sens, c’est de se débarrasser de cette idée que l’autre est responsable. Lorsque je travaille ce sujet avec mes clients, je retrouve souvent des idées du type : « l’autre ne fait pas assez, l’autre n’est pas suffisant, je m’évertue sans cesse à lui dire ce qu’il doit faire, à lui dire ce dont j’ai besoin, à lui dire ce que j’ai besoin d’entendre, mais il ne le dit pas, il ne le fait pas, il ne comprend pas. J’aimerais tellement qu’il comprenne… Quand est-ce qu’il va finir par comprendre ce dont j’ai besoin ». À mon avis, il y a là quelque chose de l’ordre de la responsabilité de l’autre : tu penses que c’est l’autre qui n’a pas compris.
Cependant, si le problème vient effectivement de l’autre, si vraiment cette dépendance affective prend ses origines dans le comportement de l’autre, alors on est dans un cadre de manipulation, d’emprise… Il s’agit d’autre chose. Ce n’est pas de ça dont je parle ici ! On estime souvent que l’autre est responsable… parce qu’on n’a pas envie de faire un travail sur soi. Mais, quand c’est vraiment l’autre qui tisse une toile autour de soi, là on est sur de la manipulation, de la violence conjugale, etc. C’est vraiment un autre level. D’ailleurs : ne restez pas seule avec ça non plus ! Mais, à mon sens, si on n’est pas dans ce genre de schéma, mais sur un sentiment de dépendance affective, alors : le problème vient de soi. Par conséquent : si ça part de toi, alors la solution part de toi également. La dépendance affective représente l’image que tu as de toi-même, ça représente ton estime de toi.
Retrouver la blessure originelle
Ce n’est pas systématique, mais je vois bien avec mes clientes que, souvent, il y a un élément déclencheur à cette détresse. En général, ça part :
- soit de l’enfance, du peu d’amour ou du manque d’amour qu’on a reçu, ou de la façon dont cet amour a été transmis, par exemple ;
- soit d’une relation qui a abîmé.
Mes clients me le décrivent très bien… une fois qu’on a pris le temps de venir analyser ça en détails. De manière spontanée, souvent on ne se souvient pas bien, c’est flou. Je réalise donc un réel travail avec mes clientes, pour aller chercher les racines de cette première blessure originelle.
Quand il s’agit d’une blessure due à une précédente relation amoureuse, après cette introspection, elles expliquent bien qu’il y a un avant/après : « avant, j’étais confiante, avant je plaisais facilement, avant je n’avais pas de doute, j’étais bien, j’étais sûre de moi, etc. » Puis est arrivée une relation qui est venue les mettre à terre et tout remettre en question. Elles avaient confiance, mais elles n’ont pas « vu venir le truc ». Ça les a complètement déboussolées : « si je n’ai pas vu venir le problème une fois, qu’est-ce qui me dit que les fois prochaines, je vais pouvoir l’anticiper ? Peut-être que là, encore une fois, je ne vois rien mais que ça va venir ». C’est une relation qui vient bousculer complètement les repères, renverser les cartes, et il y a un avant/après. C’est souvent ce type de blessure originelle, qui, parce qu’elle n’est pas bien soignée, engendre la dépendance affective.
Soigner la blessure
J’en parle souvent : une blessure, pour qu’elle soit moins sensible, pour qu’elle arrête de se propager et de faire des dégâts : il faut la nettoyer, il faut la panser. Bien souvent, ces blessures-là ne sont pas prises en charge bien comme il faut, elles ne sont pas pansées bien comme il faut, si bien que plusieurs années après, plusieurs relations après, elles sont encore présentes et elles viennent complètement façonner les relations suivantes. Il me semble donc nécessaire de faire ce travail de recherche de la blessure, afin de pouvoir, enfin, en guérir. Comme je l’ai dit, souvent, ça vient de l’enfance ou d’une relation qui a été marquante, ou les deux. La guérison, la possibilité de sortir de la dépendance affective, ça passe par cette première étape de recherche. Ensuite, il faut entamer un travail sur soi, plus précisément sur la confiance en soi, et sur l’estime et l’amour de soi. C’est en restaurant ces 3 piliers-là qu’on pourra vaincre ce sentiment permanent d’insécurité.
Se laisser le temps
Cela peut paraître évident, mais j’insiste sur un point : on parle bien de « dépendance ». Si le terme est celui de « dépendance » affective, c’est bien parce que le fonctionnement est le même que pour une addiction à un produit toxique. Il y a donc, de la même façon, une période de sevrage qui est plus ou moins longue. C’est un leurre de penser qu’il suffira d’une séance de thérapie ou qu’il suffira de lire un bouquin pour pouvoir se dire « hop je suis sortie de la dépendance affective ». Il s’agit vraiment d’un processus qui peut être long, d’un processus de compréhension de soi, de ses mécaniques, de ses blessures personnelles, etc. Ensuite, il faut progressivement réparer tout ça. À la fin, parce qu’enfin tu t’aimes suffisamment, parce qu’enfin tu as confiance en toi, parce qu’enfin tu penses être quelqu’un qui a de la valeur, alors tu sors de la dépendance affective et tu arrives à remplir toi-même le réservoir dont je parlais au début… et par conséquent tu as moins besoin d’aller le faire avec les autres. Tu as moins cette nécessité impérieuse d’aller chercher chez l’autre ce dont tu as besoin, parce que tu te l’apportes toi-même. Là, on est sur quelque chose de plus apaisé, de plus confortable et on sort, petit à petit, de la dépendance affective. Il n’y a pas de mystère, il n’y a pas de solution magique, pour sortir de la dépendance affective.
Sortir de la dépendance affective : en résumé
Pour moi, les grandes étapes-clé, c’est de :
- comprendre que ça ne vient pas des autres, mais de soi et que la solution réside dans un travail sur soi ;
- aller chercher la blessure originelle, souvent dans l’enfance ou dans une précédente relation ;
- entreprendre un travail autour de la confiance en soi, de l’estime et de l’amour de soi.
Ces 3 piliers sont essentiels pour, petit à petit, remplir par soi-même son réservoir jusqu’à arriver jusqu’à quelque chose d’équilibrer.
Nous sommes arrivés à la fin de cet article. J’espère que cela t’aidera à mieux cerner ce qu’est et comment sortir de la dépendance affective. Si ce sujet fait sens chez toi et que tu ressens le besoin que nous échangions dessus, n’hésitez pas à m’envoyer un message sur mon compte Instagram. Bien entendu, je serais également ravie de recevoir tes messages si tu as des questions sur mon accompagnement de thérapeute de couple, dont le but est de te donner tous les outils nécessaires pour prendre soin de son couple.