Dans cet article, on va parler couple et parentalité. Quelle place pour notre couple, maintenant que nous sommes parents ? Voilà une question courante. Cette thématique du couple dans la parentalité est très importante pour moi et revient souvent dans mes discussions avec les personnes que j’accompagne. Il y a beaucoup d’idées reçues, qui peuvent faire penser que ça va être simple et fluide…
On pense souvent que ça fonctionne forcément bien pour le couple à l’arrivée d’un enfant. Mais ce n’est pas toujours le cas ! J’aimerai que cet article aide à sortir de ces croyances. Ça peut créer des difficultés et c’est important de le dire. Parlons sans tabou, ni glamour ni belles paroles ! Il y a beaucoup de positif dans la naissance d’un enfant, mais il n’y a pas que ça.
Pourquoi la naissance d’un enfant peut fragiliser un couple, même solide ?
Peut-être que vous songez à la séparation, alors qu’il y a 1 an, 1 an et demi, vous étiez tellement amoureux que vous vouliez faire un enfant ensemble. Certains couples ont du mal à comprendre comment ça peut arriver. Ils partagent avec moi leurs questionnements : “Comment est-ce possible ? Comment je peux l’avoir tellement aimé que je voulais faire un enfant ?” Ce n’est pas rien, pourtant, de faire un enfant !
Mais 1 an après, 2 ans après, on se sépare, on se déchire, on est en désaccord sur tout. Bref, plus rien ne va. Malgré le fait qu’on était amoureux, qu’on était un couple solide qui fonctionnait, l’arrivée de l’enfant a tout bousculé. Ça a tout remis en question et c’est plus compliqué que nous ne le pensions. J’aimerai qu’on essaie de creuser ce sujet, de comprendre ce qu’il se passe. Voilà 3 raisons, qui peuvent expliquer cela.
Parce que non, ce n’est pas que merveilleux
Un enfant, c’est plein de bonheur… mais pas que
On a souvent en tête cette idée que, puisque nous voulions un enfant et que cet enfant est là, on doit être heureux. Très peu de couples parlent de cela, parce que “on est censés être heureux”. On n’a pas envie de ternir cette image du couple heureux, cette image qui raconte que “Tout est magique, tout est bien”. Mais la réalité est plus compliquée que ça : oui, un enfant c’est magique, mais pas que. C’est une vraie épreuve. C’est important de se préparer, d’en parler, de libérer la parole. J’aimerais qu’on sorte de ce silence. Souvent, les couples ont du mal à en parler, ne verbalisent pas. Les couples ne s’autorisent pas à dire que : “Oui nous voulions un enfant, oui nous sommes heureux, oui notre couple est solide, mais oui c’est compliqué”. J’ai décidé d’aborder ce sujet-là aussi pour libérer cette parole.
Il n’y a pas à culpabiliser
Ce discours est important notamment pour sortir de la culpabilité. Certaines mères, qui croient ces images, se répètent “Je devrais être heureuse !” et culpabilisent de certains de leurs sentiments. “Suis-je une bonne mère, alors que je ressens ces émotions négatives ?” Balayons tout ça ! La réalité c’est qu’un enfant peut fragiliser un couple, même solide, car il faut sortir du merveilleux, du magique. Il faut compter avec la fatigue, le stress, un quotidien bouleversé. La réalité c’est qu’il y a clairement le “avant” et le “après”. Avant, tu disposais chaque jour de 24 h et tu les remplissais bien ! Maintenant tu as toujours 24 h, mais tu dois, en plus, t’occuper d’un enfant. Il y a donc plein de choses que tu ne fais plus, moins, pas au même moment, pas de la même façon… Ces changements sont conséquents, et donc, ils peuvent avoir un impact sur toi, sur ton couple, il n’y a pas à culpabiliser de cela.
Les jeunes parents font face à beaucoup de problématiques
Non seulement ces changements sont conséquents, mais en plus ils sont nombreux. Bien des choses peuvent entrer en ligne de compte, telles que :
- Un cocktail hormonal assez puissant :
La grossesse et les premiers mois de maternité ne sont pas anodins biologiquement parlant. Des hormones puissantes sont à l’œuvre et peuvent avoir un réel impact sur toi.
- Les pressions sociales et familiales :
L’arrivée d’un enfant est un pas dans un terrain inconnu, où, en tant que jeune parent, on ne maîtrise pas grand-chose. De ce fait, certaines personnes de l’entourage peuvent être à l’origine d’une certaine pression. “Est-ce qu’il fait ses nuits ? Est-ce qu’il mange ceci ?” En temps normal, ces regards extérieurs sur l’organisation du quotidien et sur la gestion de l’enfant sont moins visibles. Cette pression est moins forte. Mais lors de la naissance d’un enfant, les gens s’autorisent plus à mettre leur grain de sel, à porter un jugement. C’est la plupart du temps bienveillant, bien sûr ! C’est bienveillant… mais intrusif malgré tout.
- Le manque de sommeil a également un impact réel :
Avant un enfant, la plupart des gens ne connaissent pas ça, ou en tout cas pas dans de telles proportions. Le manque de sommeil amène à moins de patience, à moins de bienveillance envers son partenaire. Cela peut, aussi, avoir un impact sur la relation amoureuse.
Parce qu’il faut apprendre à passer du duo au trio
Un autre point que je souhaite aborder, qui répond aussi à notre problématique, c’est le passage du duo au trio. Avant l’existence de l’enfant, les deux personnes d’un couple “s’autosuffisent”. Elles se “nourrissent” l’une l’autre, en termes d’affection, de tendresse, d’amour. Ce fonctionnement initial est basé sur un duo. Puis arrive l’enfant qui change la donne. Certaines femmes se sentent alors totalement comblées par ce petit être, par ce bébé qui répond “puissance mille” à ces besoins auxquels répondaient avant le partenaire. C’est tabou mais c’est important de le dire : ce que ressentent certaines femmes, c’est que leur enfant leur suffit. L’affection et la tendresse qu’elle donne à leur enfant et que leur enfant leur donne en retour, leur suffit. Elles se sentent repues de tout cet amour.
Par ailleurs, les premiers mois et années, les liens, notamment le lien maman/bébé, se créent et cela demande beaucoup d’énergie. L’énergie, cependant, ne s’est pas multipliée. Ainsi, l’énergie mise dans le lien avec l’enfant, forcément, sera autant d’énergie en moins investie pour le partenaire. C’est important de comprendre cela : le couple avait un équilibre, puis arrive l’enfant, qui demande beaucoup d’énergie et qui renvoie beaucoup d’amour. Moins d’énergie disponible, un besoin d’amour qui a évolué : cela crée un déséquilibre dans le couple. Il faut donc retrouver son équilibre, cette fois-ci en trio. Même dans un couple qui fonctionne bien, qui est solide et qui communique efficacement, il faut quand même faire ce travail de rééquilibrage.
C’est là qu’est vraiment mon message : il y a une phase de rééquilibrage nécessaire. C’est normal, c’est humain, cela fait partie du processus. Certains couples sont effrayés de cela, cette étape leur fait peur. “Est-ce normal ? Est-ce qu’on s’aime assez ? Est-ce que ce n’est pas un signe que c’est compliqué entre nous ?” Ils imaginent des problèmes et, parfois, prennent des décisions telles que la séparation, alors que ce n’est qu’une phase. L’équilibre reviendra, mais il faut accepter de passer par cette phase de déséquilibre.
Parce qu’il faut parfois faire face à des difficultés insoupçonnées
Par ailleurs, il arrive que l’on doive faire face à des impacts insoupçonnés de la grossesse et de l’arrivée de l’enfant. Souvent on se renseigne, on réfléchit, on lit des bouquins. On se dit “Je ferais ci, je ferais ça”. Mais tu ne sais pas ce que l’arrivée d’un enfant va générer chez toi. Tu ne sais pas ce que tu seras alors, tu ne sais pas quelle mère tu seras. Ce que cela peut engendrer est parfois même inconscient ! Des choses peuvent ressurgir, des choses que tu ne soupçonnes pas, dont tu n’as pas la maîtrise et qui peuvent avoir un impact sur toi et déséquilibrer la relation avec ton partenaire. Cela peut même intervenir dès la grossesse. Une personne que j’ai accompagnée m’a par exemple confié que le changement de son corps pendant la grossesse a engendré un manque de confiance en elle, qui a lui-même entraîné de la jalousie. Évidemment, le partenaire en face peut ne pas comprendre cela. Cela crée une situation compliquée. Cela ne peut ni se deviner à l’avance, ni se prévoir.
Autre exemple : un couple s’était mis d’accord sur le fait que le bébé dormirait entre 15 jours et 3 semaines dans la chambre de ses parents, puis irait dans sa chambre. Ils en avaient discuté en amont, mais une fois le moment venu : ce fut impossible pour elle. “C’est trop tôt”, “Il est trop petit”, “Je serais inquiète”… Quel que soit le motif : on ne peut pas prévoir que l’on va réagir comme ça. Ça ne se devine pas. C’est pour cela que j’invite les couples à se préparer, à réfléchir aux parents qu’ils veulent être, mais aussi à penser à la souplesse qu’ils se laissent. Demandez-vous quelle marge de manœuvre vous conservez pour les “Je ne pas bien comme je réagirais par rapport à cela”. C’est vraiment important d’avoir cette souplesse et que le couple en discute en amont. Qu’est ce qui est non-négociable ? Ou a-t-on de la marge de manœuvre ?
Comment prendre soin de son couple en étant parents en 3 étapes
Maintenant, vous êtes en mesure de comprendre comment la naissance d’un bébé peut (parfois fortement) abîmer un couple. Reste à voir comment prendre soin de son couple en étant parents.
1 : en commençant par faire le choix d’en prendre soin
Quelle place pour le couple quand on est parent ? Ma réponse est la suivante : la place pour le couple est la place que tu lui donnes. Pose-toi la question : quelle place je veux donner à mon couple dans ma parentalité ? Maintenant que vous êtes parents, que vous avez un enfant, demandez-vous : quelle place voulons-nous donner à notre couple ? En la matière, il n’y a pas de réponse toute faite. Pour illustrer cette problématique, j’aime utiliser l’analogie de la vague. Tu marches sur ton chemin de vie et, par moment, arrivent des vagues. Ce peut être, par exemple, une difficulté professionnelle, un deuil ou une déception amoureuse. Prévue ou non prévue, ces vagues te déséquilibrent. La vague passe, tu t’arrêtes de marcher un moment, tu la laisses passer et tu reprends ton chemin une fois l’équilibre revenu. La naissance d’un enfant, c’est plutôt une grosse vague ! Il y a des femmes qui se laissent totalement emporter par la vague de la maternité, qui ne se sentent plus que mère.
Attention : je ne porte pas de jugement. Il y a des couples qui se disent : “Pour le moment, nous sommes parents avant tout, nous sommes focus sur les enfants”. Ça peut fonctionner. Mais souvent, ce n’est pas aussi fluide. Souvent, on se laisse emporter, on ne sait plus ce qui est prioritaire, on s’oublie… Et quelques années après, on se demande : “Et mon couple ?” Malheureusement, la vague nous a emportés loin et le couple n’a pas suivi. Cependant, si tu en as envie, tu peux te dire : “Moi je veux rester sur mon chemin”. Tu peux te rappeler que tu es venu.e en couple, comprendre qu’il y a une vague et décider de continuer sur ce chemin. Tu peux te dire “Je veux garder de la place pour mon couple” et c’est alors un choix.
2 : en acceptant de traverser cette période particulière
Si c’est conscientisé, même si la vague t’emporte loin, tu pourras te dire : “Je suis une mère comblée, je me sens comblée aujourd’hui. C’est compliqué de mettre de côté cette vague de maternité. OK, mais est-ce que je veux vraiment ne plus avoir de place pour mon couple ?” Cette discussion doit être menée, seule et à deux. Quels parents avons-nous envie d’être ? Quel couple avons-nous envie d’être, tout en étant aussi parents ? Ce n’est pas un problème, de décider d’être avant tout des parents, de prioriser l’éducation et les besoins des enfants. On peut décider cela et se dire que le couple reviendra après, mais il est important que cela soit décidé consciemment et à deux. Beaucoup de femmes font cela (consciemment ou non) pendant environ 3 ans.
Pendant ces années, elles maternent, elles pouponnent, elles suivent leur envie de se donner complètement à leurs enfants. Mais est-ce bien partagé par le conjoint ? J’ai accompagné des couples dans lesquels l’homme me disait : “Mais elle est partie !” Parfois démunis, ils constataient que la femme qu’ils avaient choisie n’était plus qu’une mère. Ils apprécient cette mère, bien sûr ! Mais avaient aussi envie de retrouver la femme qu’ils avaient choisie. Ce peut être le rôle de l’homme, de vous suggérer de revenir sur le chemin que vous aviez choisi ensemble. Ce peut être lui qui vous aide à ne pas laisser la vague vous emmener sur un autre chemin, qui ne laisse pas de place à votre couple.
3 : en décidant à deux quel couple vous voulez devenir
Mais alors : comment est-ce que, aujourd’hui, avec un enfant, on peut faire de la place pour le couple ? Avant nous n’étions que 2, maintenant nous sommes 3. Nous avions tout notre temps, nous étions 100 % disponible l’un pour l’autre, mais, aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Pourtant, nous avons envie, j’ai envie, de nous accorder ce temps pour notre couple, dont nous avons besoin. Quels arrangements sont possibles ? Quel fonctionnement peut être mis en place ? Comment trouver ensemble la place que nous voulons pour notre couple ? Cela se crée à deux.
Le but de mon nouvel accompagnement, c’est de vous aider à répondre à ces questions-là. Avec “Parents mais pas que”, je serais avec vous pour échanger sur la place que vous voulez donner au couple, tout en étant parents. Pour cela, nous traiterons trois grands sujets : la communication dans le couple, la place que vous voulez lui laisser et la sexualité.
Pour plus d’infos sur ce nouvel accompagnement c’est juste ici : https://untempspournous.podia.com/parents-mais-pas-que